vendredi 2 novembre 2018

PERSO - Confessions



Mon absence soudaine en a inquiété certains et je m’en excuse mais vous vous en doutez ce n’est pas sans raison. 
Cet article n’a pas pour but de me faire plaindre ou de m’apitoyer sur mon sort mais vous le savez j’ai toujours été transparente et honnête ici. 
De plus, j’ai toujours eu ce besoin de me confier par écrit quand ça n’allait pas. Alors cet article je l’écris avant tout pour moi car mettre des mots sur ce que nous vivons et ce que je ressens me permettra sûrement d’extérioriser, un peu, à ma façon mais certainement pas de passer à autre chose malheureusement.

C’est donc en pleine crise d'insomnie, encore sous le choc, le cœur en miettes et les yeux pleins de larmes que je vous écris et j’ai du mal à trouver les mots justes. (Je ne pense pas qu’il y ait réellement de « mots justes » pour ce qui va suivre de toutes façons...)

Nous traversons l’épreuve la plus redoutée de tous les futurs parents. Ce qu’on appelle dans le milieu médical un « MFIU » (= la mort fœtale in utero.) C’est donc terminé pour notre « bébé de fin janvier » comme j’aimais bien l’appeler. Personne n’a su nous dire précisément pourquoi mais la seule certitude était que le cœur du bébé que je portais avait cessé de battre. À 3 mois pile de mon terme nous ne nous attendions pas à apprendre ce genre d’atroce nouvelle. Il y a d’abord le choc, puis l’incompréhension et enfin l’effondrement. Nous n’avons aucune réponse précise, tout allait bien jusqu'à présent. C’est rare mais « ça arrive » c’est tout.

Et c’est tellement injuste. On se demande pourquoi nous bien sûr. Mais pourquoi est ce que ça arrive tout court finalement ? Car personne ne devrait vivre ça. Personne ne mérite d’apprendre que son bébé est mort. Je ne souhaite même pas cette souffrance à mon pire ennemie.

Ensuite tout va très vite et tout s’enchaîne. Il faut vite faire son sac pour se rendre à la maternité mais sans mettre d’affaires de bébé dedans. Puis il y a la prise en charge à l’hôpital où tout le personnel est très bienveillant et au petit soin. J’ai retrouvé les mêmes sensations qu’après la mort de mon papa d’ailleurs. Quand les gens te regardent avec cette espèce de « peine/pitié » et qu’il y a cette gêne dans toutes les conversations, tous les regards. Quand tu ressens la crainte que tu t’effondres des gens en face de toi. Et quand même dans les messages que tu reçois tu arrives à lire ce malaise. J’avais détesté ça il y a 4 ans et c’est pareil aujourd’hui ! L’impression de n’être plus qu’une petite chose fragile à prendre avec des pincettes. Mais ce n'est la faute de personne puisque c'est ce que je suis réellement d’ailleurs.

Alors on me dit de me confier et de parler si ça peut m’aider. Mais je suis incapable d’aligner plus d’une phrase sans m’effondrer. Et je n’ai pas envie d’être prise dans des bras et d’être consolée. Ni d’entendre que c’est peut être « mieux » ainsi, que s’il est parti maintenant c’est qu’il n’aurait pas eu la force de vivre plus tard. Ou que ça ne m’empêchera pas d’avoir une prochaine grossesse « normale » par la suite.

Mais qui voudrait retomber enceinte après ça ? Qui voudrait reprendre ce risque de perdre un autre enfant et de souffrir autant ?
Car entrer en « salle de naissance » pour « donner la mort » aura été une des étapes les plus difficiles de ma vie. (Et pourtant je pensais déjà avoir eu ma dose et ne pas avoir été épargnée jusqu’à présent !) Car voilà les faits sont ce qu'ils sont. Cette semaine je me suis rendue à la maternité pour accoucher. Et j'en suis ressortie sans notre bébé.

Les cernes, la fatigue, le mal de dos, le ventre mou, les douleurs un peu partout, les saignements, et j'en passe, tout ça n’est rien après un accouchement « normal ». Car on oublie vite toutes ces « petites » misères lorsque l’on entend le premier cri ou que l’on tient enfin son enfant pour la première fois dans ses bras ou encore quand on le regarde dormir paisiblement. Mais moi je n’ai pas eu de bébé à contempler longuement pendant des heures. J’ai mis au monde un enfant que je n’aurais jamais la chance d’apprendre à connaître ni de voir grandir. 

Devoir dire adieu si rapidement à cet enfant que j’ai porté pendant 7 mois et que nous avions appris à aimer en famille, a été terrible pour moi. À chaque fois que je ferme les yeux désormais je revois son visage et son petit corps si fragile. C’est comme être dans un cauchemar duquel on ne pourra jamais se réveiller. Mais je suis soulagée d'avoir pu lui dire au revoir.

Ensuite toute la partie administrative à gérer à quelques heures de la perte prématurée de « son bébé » n’arrange en rien les choses croyez-moi. On nous a parlé d’autopsie, d’incinération, de choix d’un prénom. Tant de questions auxquelles nous n’étions absolument pas prêts et auxquelles je n’aurais voulu ne jamais avoir à donné de réponse.

On m’a dit que j’étais très courageuse aussi. Surtout après cette nouvelle épreuve. Mais j’en ai marre moi d’être courageuse. Je veux juste extérioriser mon chagrin, que la vie arrête de tester ma résistance. Je n’étais pas encore remise de ma douleur liée à la perte de mon papa que me voilà déjà avec un nouveau deuil à commencer.

Heureusement je ne suis pas seule vous savez. En premier il y a Morgan. Il s'est montré si fort et est resté à mes côtés chaque seconde depuis le début de ce cauchemar. Nous avons tout traversé ensemble. Je nous trouve plus soudés que jamais.
Et puis notre famille et nos amis sont à nos côtés eux aussi. Tout le monde s'en veut de ne pas trouver les mots pour nous apaiser. Mais comme je l'ai dit plus haut, dans ce genre de situation il n'y a pas vraiment de discours adaptés.

Je ne vous cache pas que le retour chez nous avec cet énorme vide au fond du cœur et du corps m'a laissé un goût tellement amer. Il a fallu ranger le couffin, le berceau, et tout ce que nous avions déjà préparé avec amour pour notre deuxième enfant. Alors nous l’avons fait dès notre retour, dans un élan sans réfléchir. Pour se protéger et ne plus s'effondrer à leur simple vision. Notre chambre a repris sa disposition post-grossesse, un signe de plus que toute cette aventure est bel et bien terminée, qu’il n’y a pas de retour en arrière possible.

Je ne culpabilise pas vous savez, je sais que ce n’est pas de ma faute mais je ne peux pas m’empêcher de me poser des questions. (Questions auxquelles nous n’aurons jamais de réponses d’ailleurs.) Et si j’étais restée allongée tous ces derniers mois est-ce que ce bébé aurait pu continuer de se développer ? Et si nous avions fait une echo de plus aurions-nous pu voir qu’il y avait un soucis et faire quelque chose ? Et si toute cette semaine n’était en fait qu’un horrible cauchemar au final et nous allons bientôt finir par nous réveiller ?

La seule certitude que j’ai aujourd’hui est que ma vision de la maternité a changé. Déjà que depuis la naissance de Holly je faisais tout pour ne rater aucune des étapes de sa vie je sais maintenant que j'étais dans le juste depuis le début et je continuerai à faire de même chaque jour. Je me plaindrais moins pour des futilités aussi. Dire qu’il y a encore peu de temps je "râlais" car je trouvais mes pieds gonflés ou que j’avais du mal à m’habiller comme je le voulais. Je peux vous assurer que je n’ai jamais autant détesté mon corps et le ventre plat (et mou) que j'ai aujourd’hui !

Mais rassurez-vous je ne suis pas devenue bête et aigrie, je n’en veux pas au monde entier et je n’ai pas une dent contre toutes les futures mamans. Je ne suis pas du tout là pour faire la morale non plus, mais j’ai juste un petit message pour les femmes enceintes qui passeront par ici : n’oubliez pas de mesurer la chance que vous avez de porter un bébé en pleine santé et n’oubliez pas non plus toutes ces femmes, et tous ces couples qui se battent pour essayer d’avoir un enfant.

Pour résumer je suis pleine de haine, exténuée d’avoir tant pleuré et malheureuse comme jamais. La Manon que vous connaissiez n’existe plus. Une partie de moi est morte avec ce bébé. Il y aura désormais toujours ce vide dans mon cœur et dans notre famille. Mais heureusement nous avons aussi notre Holly chérie, le premier amour de nos vies. Et pour elle nous nous devons d’essayer d’être forts et de continuer d’avancer. 

Je sais ça ira mieux avec le temps. Mais comme je l'ai toujours dit : selon moi la douleur ne passe pas, on apprend juste à vivre avec et à moins la montrer à son entourage.

Alors je reviendrais sans doute sur les réseaux sociaux, peut être, ou peut être pas, mais ce qui est sûr c’est qu’il me faudra du temps. Merci à ceux qui resteront et bye bye à ceux qui partiront. Je n’ai jamais fait ça pour le nombre d’abonnés de toutes façons, mais pour mon goût du partage, vous le savez.

Je prendrais toujours le temps de vous suivre et de vous lire mais ne m’en voulez pas si je ne réponds pas individuellement à vos messages ou commentaires. C'est juste que je n’ai pas encore la force pour ça. Inutile non plus de me poser mille questions, toutes les réponses sont dans cet article. L’écrire une fois a déjà été assez douloureux pour moi et malheureusement je n'en sais pas plus.

Prenez bien soin de vous et de vos proches. La vie est bien trop courte, elle nous le prouve une fois encore. 💔
À bientôt.

Manon




Ps : pardon Caro d’avoir utilisé ces si belles photos pour annoncer quelque chose d’aussi triste mais c’était un moment d’amour et de complicité partagée, en toute insouciance, et quoi de mieux finalement ?


13 commentaires:

  1. Je suis sincèrement attristée de lire cet article, je vous envois beaucoup de courrage, comme tu l'as dit, ce genre de douleur reste indélébile et le plus dur est d'apprendre à vivre avec.
    Bisous et prends soin de toi et de ta jolie famille.

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  2. Une douce pensée pour vous tous.....un petit ange à jamais à vos côtés.....

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  3. Je suis sincèrement désolée d'apprendre ce que vous traversez. Nous sommes passés par la.. Avant d'avoir notre première fille. Le terme n'était pas le même mais je comprends votre douleur. Je comprends ce que tu ressens au plus profond de toi. Et je t'envoies tout plein de forces et de courage. Non le temps n'efface pas la douleur c'est vrai... Mais la vie te réserve encore des choses merveilleuses.. J'en suis certaine. Prenez bien soin de vous trois. Je vous embrasse. Ludivine. Birdybulle

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  4. un petit message pour tenter de réchauffer ton cœur ... il n’y a pas de mot, bon courage pour cette période et pour surpasser cette épreuve qui est je pense la plus dure dans une vie . J’ai perdu mes parents jeune, mais j’ai la chance d’être maman de 2 bébés . Ton article est si bien écrit tu arrives malgré ta tristesse à écrire avec justesse et recul ce qui prouve que tu es une fille très forte . Holly peut être fière de sa maman. La vie est un cycle je suis sure que tes étoiles t’épargneront et vous preotegerons. Reviens nous vite <3 prend soin de toi et ta famille

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  5. Je suis sincèrement peinée pour vous. Tendres pensées. Cyrielle

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  6. Profondément désolée, pour tout, pour cette vie qui n'est pas immuable, qui représente une infinité de possibilités. Vous êtes forts, votre famille, vos proches sont les piliers de votre vie, je vous souhaite de tout coeur de vivre une vie des plus jolies malgré tout.

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  7. Manon.. je te présente toutes mes condoléances à toi, Morgan & Holly.. je suis si triste d’apprendre cette nouvelle.. pas plus tard que ce soir j’ai commencé à t’ecrire Un message, puis je me suis dis « non elle se repose laisse la tranquille » je m’en veux de n’en pas avoir été au bout de ma démarche. Je t’envoie toute ma force et mon courage pour affronter cette terrible épreuve. Je vous embrassse bien fort et pense très sincèrement à vous ! ❤️

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  8. En effet, il n'y a pas de mots. Je suis sincèrement désolé pour ce qui vous arrive et vous envoi plein de tendresse. Prend soin de toi.

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  9. C'est vrai il n'y a pas de mots pour cette épreuve. Je suis terriblement triste pour vous. Je vous apporte plein de courage et de réconfort. Je vous embrasse très fort ❤

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  10. Ma belle toute mes condoleances à ta famille.
    Pas de mots comme tu as su bien le dire mais nous sommes là et nous resterons car nous aimons nôtres Manon que j’ai connu avec sa petite famille et Holly qui a plus ou moins le même âge que la mienne. Épreuve difficile mais comme l’a aussi bien dit Aupaysdebaby rien que d’ecrire cette article proue que tu es forte et que Holly peut être fière de toi ainsi que ton chéri.
    Je t’embrasse ma douce chaque chose en son temps mais nous sommes avec vous de tout ❤️❤️❤️ @chocolatelody

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  11. Ma jolie Manon, je vous apporte tout mon courage à tout les trois.
    Il n’y a pas de mots dans des moments comme celui ci.
    Je vous embrasse très très fort et prenez soin de vous ♥️

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  12. Comme tu le dis, il n'y a pas de mots justes dans ces moments là... Je suis profondément affectée par cette nouvelle et tellement désolée pour vous 3... Je vous souhaite tout le courage possible et surtout, tout le bonheur du monde pour l'avenir, votre petite étoile veille sur vous <3

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  13. Je Uis terriblement désolé pour vous 3 ❤️ Ce petit ange veille sur vous ! Avez vous donc su son sexe ? Lui donner un petit nom ? Je suis de tout coeur avec vous ❤️ Heureusement Holly chérie est la !

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